Le pasteur a été condamné en vertu de l’ordonnance de 2006 qui régit le culte non-musulman.
Le 27 février dernier, le pasteur Rachid Seighir et le vendeur qui l’assiste dans sa librairie papeterie ont été reconnus coupables de « prosélytisme » et condamnés à deux ans d’emprisonnement assortis d’une amende de plus de 3000 euros.
En 2017, des livres chrétiens et des Bibles avaient été retrouvés dans sa librairie. Or, l’article 11.2 de l’ordonnance de 2006 qui fixe les conditions ou règles des cultes autres que musulmans, prévoit une peine de 2 à 5 années de prison et d’une amende de 500 000 à 1 000 000 de dinars algérien, soit entre 3100 et 6200 euros, à l’encontre de quiconque « fabrique, entrepose, ou distribue des documents imprimés ou métrages audiovisuels ou par tout autre support ou moyen qui visent à ébranler la foi d’un musulman ».
La voix des chrétiens d’Algérie est portée par l’organisation Middle East Concern qui relaie leur appel à la prière.
« Les chrétiens d’Algérie demandent la prière pour que :
- le pasteur et la direction de l’église algérienne connaissent la paix de Jésus, la sagesse du Père et la direction du Saint-Esprit face à cette situation
- le pasteur et l’assistant de la librairie soient acquittés de toutes les charges en appel.
- les règlements régissant le culte des non-musulmans soient modifiés et mis en œuvre de manière juste, afin que les chrétiens puissent adorer librement
- il y ait une fin à la campagne contre les chrétiens et les églises en Algérie et plus de liberté et de tolérance à leur égard.
- les responsables de l’ordre de clôture connaissent la conviction du Saint-Esprit et le pardon et la nouvelle vie offerts par Jésus. »
L’ordonnance de 2006 a un impact important dans la vie des chrétiens et des églises en Algérie. Interrogé par Info Chrétienne lors de la fermeture de plusieurs églises en 2019, Salaheddine Chalah, président de l’Église Protestante d’Algérie, l’avait qualifiée de « liberticide ».
« L’ordonnance de 2006 est beaucoup plus répressive, liberticide même. J’estime qu’elle est en contradiction avec l’article 42 de la Constitution algérienne. Cette loi a été promulguée pour essayer de limiter la croissance de l’église en Algérie. Si on jette un coup d’œil sur l’ordonnance, il y a beaucoup plus d’articles sur les pénalités à subir que sur l’exercice du culte en soi, sur l’organisation du culte en soi. On ne nous dit pas dans cette ordonnance comment nous pouvons constituer une association, quels documents nous devons fournir, et à qui nous devons nous adresser. Chaque wali, c’est-à-dire chaque gouverneur de la région, décide à sa manière, selon son appréciation du dossier. »
M.C.